Journée Philosophie des Sciences et Intelligence Artificielle
Jeudi 2 février 2017, École normale supérieure, 29 rue d'Ulm
Journée organisée par l'AFIA, la SPS, et le DEC
Responsables scientifiques :
- Robin Lamarche-Perrin (ISC-PIF, LIP6, CNRS)
- Daniel Andler (DEC, École normale supérieure)
Dès son apparition dans les années 1950, l’intelligence artificielle (IA) a suscité une intense curiosité chez les philosophes. Soixante ans plus tard, après avoir traversé des périodes difficiles, mais également contribué à l’essor des sciences cognitives, l’IA semble aujourd'hui en passe de remplir ses promesses et d’introduire une série de bouleversements économiques, culturels voire anthropologiques. Mais l’IA d'aujourd'hui est-elle celle d’hier? Qu’annoncent ses succès présents ? Pour commencer à répondre à ces questions, une réévaluation de ses fondements et de sa place dans le système technoscientifique semble nécessaire. À cette tâche, qui échoit à parts égales aux spécialistes du domaine et aux philosophes des sciences, l’AFIA, la SPS, et le DEC ont souhaité contribuer en organisant une journée d’étude, focalisée sur trois thèmes complémentaires :
- la philosophie de l'IA et l'IA comme philosophie expérimentale;
- l'impact du tournant pragmatique pour l'IA, et en particulier les approches 4EA (Embodied, Embedded, Enacted, Extended, Affective);
- l’apport des concepts d'émergence et de complexité dans notre compréhension de ce que sont l'intelligence et la cognition.
Cette journée se tiendra dans l'amphithéâtre Jean-Jaurès de l’École normale supérieure, 29 rue d'Ulm, Paris 5e. L’inscription est gratuite mais obligatoire.
Contact : Robin.Lamarche-Perrin@lip6.fr
Programme de la journée
8:30-9:00 : Accueil des participants
9:00-9:30 : Introduction
- Présentation de l'AFIA (Yves Demazeau), de la SPS (Stéphanie Ruphy) et du DEC (Daniel Andler)
- Présentation du programme de la journée (Daniel Andler et Robin Lamarche-Perrin)
9:30-10:20 : Joël Quinqueton, L'IA comme épistémologie expérimentale : regards sur 40 ans d'histoire
Professeur émérite de l'Université de Montpellier III, Laboratoire d'Informatique, de Robotique et de Microélectronique de Montpellier
10:20-10:40 : Pause
10:40-11:30 : Jean-Michel Roy, GOFAI, NEWFAI et le problème de l'intentionnalisme
Professeur à l'École normale supérieure de Lyon et à l’École normale supérieure de l'Est de la Chine
11:30-12:20 : Jean-Louis Dessalles, Le rôle de la complexité et de la simplicité dans l'émergence des capacités cognitives
Professeur à Télécom ParisTech, Laboratoire Traitement et Communication de l'Information
12:20-13:40 : Repas (offert par l'AFIA, la SPS et le DEC)
13:40-14:30 : Catherine Garbay, D'une intelligence artificielle à une intelligence incarnée dans l'activité humaine
Directrice de recherche au CNRS, Laboratoire d'Informatique de Grenoble
14:30-15:20 : Pierre Steiner, Intelligence artificielle et « cognition 4E » : un changement de paradigme ?
Enseignant-chercheur à l'Université de technologie de Compiègne, Laboratoire Connaissances, Organisations et Systèmes Technique
15:20-15:40 : Pause
15:40-16:30 : Raja Chatila, Questionnements éthiques sur la Robotique et l'Intelligence Artificielle
Professeur à l'Université Pierre-et-Marie-Curie, directeur de l'Institut des Systèmes Intelligents et de Robotique
16:30-17:20 : Daniel Andler, discussion et clôture de la journée
Professeur émérite de l'université Paris-Sorbonne, membre de l'Académie des sciences morales et politiques
Résumé des exposés
Jean-Michel Roy, GOFAI, NEWFAI et le problème de l'intentionnalisme
Professeur à l'École normale supérieure de Lyon et à l’École normale supérieure de l'Est de la Chine
La Good Old Fashion Artificial Intelligence, légitimement considérée comme une application des principes généraux de la conception cognitiviste de la cognition, s'est heurtée à diverses limitations désormais bien établies et renvoyant à un certain nombre de problèmes de fondements autour desquels s'est cristallisé le débat philosophique contemporain sur l'intelligence artificielle. Parmi eux figure au premier chef celui de la capacité de cette dernière à artificialiser la propriété d'intentionnalité considérée par la majorité des théories des facultés mentales depuis le dernier quart du XIX siècle (cf. en particulier Franz Brentano 1874), y compris celles issues de la Révolution Cognitive des années 50, comme une marque essentielle du mental. Les plus célèbres arguments critiques déployés à cet effet sont ceux de Hubert Dreyfus et de John Searle. Ils jouèrent un rôle actif dans le processus d'émergence de ladite Newfound Artificial Intelligence, autour de laquelle s'est progressivement ralliée une grande partie du domaine de l'intelligence artificielle. Cette évolution cruciale d'une approche GOFAI à une approche NEWFAI peut être considérée comme une facette particulière de la transformation plus générale de ses principes fondamentaux qu'a connue l'entreprise cognitive contemporaine, et qui l'a conduite du cognitivisme à la perspective désormais couramment dénommée 4E. La question se pose donc de savoir si, et le cas échéant comment et avec quel succès, l'approche NEWFAI, et partant d'une certaine manière l'approche 4E dans laquelle elle s'inscrit, a résolu le problème de l'artificialisation de l'intentionnalité. Telle est celle qui sera examinée ici.